Jonathan Veyrunes a laissé son image de matador pour devenir artiste-plasticien
Si sa carrière de matador de taureaux s'est terminée en 2016 au Vénézuela à Tovar après une double "cornada" à la cuisse (blessure par cornes), celle d'artiste a débuté au Bar le Napoléon où se déroule notre interview. "Pierre Edouard Thibaut dit Pitou, un genre de directeur artistique, m'avait proposé d'exposer mes photos de Nîmes au Bar le Napoléon" indique Jonathan Veyrunes. L'exposition de 2012 montre à voir douze clichés énigmatiques de Nîmes. Encore en activité comme torero, le nîmois prend des détails qui rendent difficile à situer précisément les lieux mis en lumière. Original.
Onze ans plus tard, L'ancien matador s'est converti en artiste-plasticien tout en gardant un lien intime avec le milieu tauromachique. Il y baigne encore depuis son lieu de vie près de Séville, à Genera. "Je côtoie les figuras du moment comme Sébastien Castella ou encore la nîmoise Léa Vicens" sourit le jeune homme qui fêtera bientôt ses 40 printemps.
Une reconversion d'un art à l'autre
Entre ces deux dates, celui qui avait pris son alternative dans les arènes de Nîmes en 2005, a laissé son habit de lumière dans sa valise. Il a longtemps chercher à faire rebondir sa passion première en Espagne ou en Amérique du Sud. Jonathan a du se résoudre à déposer les armes. Il a pendant un temps joué les guides dans les élevages de taureau d'Andalousie en montrant de belles gestuelles pour appuyer ses récits. Finalement, son côté artiste s'est révélé en réalisant des visuels à base de photos en noir et blanc, des découpages et de la peinture. Une transition idéale pour un homme sincèrement tourné vers l'art de la corrida.
"La différence avec les autres artistes taurins, c'est que je peux transmettre ce que j'ai ressenti dans l'arène, face au toro" se justifie l'enfant de Nîmes. Son art a évolué de façon spectaculaire depuis 5, 6 ans et il a eu de nombreuses opportunités de montrer son travail inspiré parfois de la religion. Jonathan a exposé à Malaga, à Paris, à Londres, à Mexico (à deux reprises), à Nîmes (nous lui avions consacré un sujet à revoir ici) et puis il devrait être vu à Séville en avril ou mai prochain.
Ses deux passions à Miami
Son actualité du jour est donc une fabuleuse opportunité d'exposer aux États Unis, à Palm Beach non loin de Miami. C'est le lieu de villégiature de l'ancien président des États Unis, Donald Trump. Un ghetto de riches en somme. "Cela s'est fait assez simplement" poursuit le fils de l'ancien patron du bar le 421. "J'ai été contacté grâce aux réseaux sociaux, j'ai réalisé une vente puis la galerie privée "Le Bazaar" m'a proposé d'exposer mes oeuvres". Ce qui est remarquable pour le nîmois, c'est de pouvoir exposer dix tableaux de 1m80 sur 1m20 tout seul et durant un mois à partir du 25 février. Vous pouvez voir son travail sur son site Internet bien sur ou sur sa page Facebook. Pour les plus curieux, vous pouvez apercevoir trois carreaux "Azuleros" posés sur la façade du bar le 421, rue Fresque (voir ci-dessous).
"J'ai toujours aimé le street art donc c'est ma manière d'en faire" dit-il au sujet de cette marque laissée à dessein. La croix blanche au fond du bar à gauche est aussi sortie de son imagination fertile. Alors que notre conversation se termine sous le plafond doré et majestueux du bar le Napoléon, Jonathan esquisse un large sourire très symptomatique de sa personnalité. Il continue de tenir le fil de sa vie: l'art et la tauromachie. Et là, il est pleinement accompli et épanoui. La boucle est bouclée 11 ans après.
Jérôme Puech
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