Le spectacle retraçant l’histoire de la ville était proposé dans les arènes de Nîmes à quatre reprises par Culturespaces. Il a réuni 30 000 personnes sur une période où les touristes viennent peu en centre-ville. Pari réussi même si les choix historiques peuvent être discutés.
Il restait une place à Nicolas qui avait réservé 5 places pour ses enfants et lui ce mardi 13 août, dernier soir de la représentation du spectacle de reconstitution historique dans les arènes de Nîmes, appelé « Les nuits de Nemaus ». Il me l’a proposée. J’ai dit oui. L’idée était séduisante car il ne se passe pas grand-chose au mois d’août à Nîmes excepté « Les jeudis de Nîmes » et « Pétanque et rosé ». Cette initiative a été prise par la société Culturespaces qui gère les visites aux arènes (350 000 visiteurs par an), à la Maison Carrée (130 000 visiteurs et à la Tour Magne (110 000 visiteurs) et surtout qui s’occupe des « Grands jeux romains » depuis maintenant dix ans. Le savoir-faire est un gage de sérieux et de qualité. Le directeur, Christophe Beth, m’a confié son satisfecit avec 30 000 spectateurs en 4 rendez-vous. Pour une première, c’est un sacré succès en matière de fréquentation.
L’eau comme fil conducteur
Pour ma part, ce voyage dans le temps m’a beaucoup plu. C’est sans doute la combinaison gagnante entre le mapping vidéo sur la piste des arènes proposé par IDScène – la société avait proposé le mapping de l’hôtel Impérator lors de son ouverture en juin- et la contribution de 250 figurants dont le journaliste à la longue barbe d’Objectif Gard Anthony Maurin. Il a été vu sur de multiples tableaux. Le spectacle d’une heure et trente minutes a enchaîné les tableaux et les époques marquantes de l’histoire de la ville : sa naissance grâce à sa source originelle, l’époque barbare puis romaine, la signification de notre emblème, l’époque médiévale, les croisades, la visite des rois de France, les chevaliers avec les combats de lances, la guerre de religion, la Camargue et ses chevaux en liberté, la naissance du bleu de Nîmes … Nemaus et l’eau sont les deux fils conducteurs de la soirée contée par un narrateur passionnant. J’ai aimé le jeu des ombres sur les pierres entourant la piste de l’arène. J’ai appris plein de nouveauté comme par exemple ce tremblement de terre en 300 après Jésus-Christ. Amoureux inconditionnel, je suis ressorti porté par les années qui m’ont précédées. Le final en feu d’artifice ne pouvait que ravir le public familial conquis. Bref, j’étais fier d’être issu de cette histoire passionnante.
Il manquait de l’histoire récente
S’il paraît difficile de tout dire de l’histoire de Nîmes, le spectacle « Les nuits de Nemaus » a choisi librement les clins d’œil historiques. J’ai apprécié celui de Rabaut Saint Etienne, auteur de l’article 10 de la déclaration des droits de l’homme sur la liberté de conscience. J’aurais aimé retrouver mes propres références comme la légende de Saint Baudile et celle des trois fontaines, le premier à vouloir « évangéliser » les barbares nîmois. J’aurais aimé revoir les combats de gladiateurs dans les arènes. J’aurais bien vu des personnages cités comme Jean Nicot, précurseur de la nicotine, Guillaume Apollinaire et ses poèmes à Lou, Alphonse Daudet et ses œuvres, Mistral et bien d’autres illustres nîmois. Je pensais à ces mistons qui suivaient Bernadette Lafont jusque dans les arènes sous l’œil de Truffaut. Si Carmen a été « joué » longuement, aucune référence à la tradition tauromachique. Avec un toro et une statue très photographiés non loin de l’amphithéâtre, il me semble que cette coutume locale aurait pu avoir sa place avec une Léa Vicens – la meilleure torera à cheval du monde- galopant avec ses chevaux ou la présence de la compagnie équestre Hasta Luego originaire de Nîmes. Enfin, puisque l’eau était abondamment présente dans les tableaux numériques pourquoi ne pas mentionner les inondations de Nîmes qui ont marqué l’histoire récente de la cité des Antonins en octobre 1988.
On peut beaucoup apprécier le spectacle et avoir un côté « reboussier » qui ressort ! Le bilan reste positif et ce d’autant que le spectacle aurait été monté en un temps record. Alors bravo à l’organisateur et aux 250 figurants pour la plupart bénévoles. Il faut que ce show s’inscrive dans le temps pour le tourisme, pour les commerçants mais surtout pour expliquer tout simplement à nos enfants l’histoire de notre belle ville. C’était le choix de Nicolas vis-à-vis de ses trois enfants. C’était mieux qu’un cours d’histoire bâclé !
Jérôme Puech
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